General Francés, na reforma que comandou a força francesa em 1983, contra o envio de forças para o Libano.
Liban : "On envoie nos hommes dans la gueule du loup"
Propos recueillis par Fabrice AUBERT
Ancien commandant du corps expéditionnaire français à Beyrouth en 1983, le général François Cann, qui perdit 58 paras dans l'attentat contre l'immeuble Drakkar, estime sur LCI.fr que le mandat de la Finul n'est pas assez clair. Pour lui, la situation actuelle est même plus instable qu'à l'époque.
Créé le 25 août 2006
Mis à jour le 25 août 2006 à 18h42
PUBLICITE
Pour aller plus loin
Infographie : l'Histoire du conflit israélo-libanais (26/07/2006)
Infographie : le poids du Hezbollah (20/07/2006)
Infographie : le poids des chiites au Moyen-Orient (21/08/2006)
Liban : pourquoi la France tergiverse (17/08/2006)
Liban : l'allocution de Jacques Chirac (24/08/2006)
Chirac envoie 2000 hommes au Liban (25/08/2006)
Avi Pazner : "Il faut encore 11.000 soldats au Liban" (25/08/2006)
"Les renforts français au Liban d'ici 20 jours" (26/08/2006)
EDITION SPECIALE : ISRAEL-LIBAN (17/07/2006)
François Cann, général de corps d'armée à la retraite, est parti à deux reprises au Liban. Une première fois en 1978-79 dans le cadre de la Finul, au Sud, où il dirigeait le 8e RPIMA.
La seconde fois en 1983-1984 à Beyrouth. Général de brigade, il commandait alors les 2 000 bérets rouges français de la Force Multinationale de Sécurité. Cinquante-huit de ses hommes furent tués dans l'attentat contre le Drakkar en octobre 1983, l'immeuble qui servait de quartier général aux troupes françaises.
LCI.fr : Les responsables militaires français semblent très réticents à l'idée de partir au Liban. Comprenez-vous leur position ?
François Cann : Compte-tenu de notre expérience, les anciens, comme moi, sont encore plus réticents. La géographie humaine a en effet beaucoup changé. En 1978, le Sud-Liban était un no man's land sous contrôle des Palestiniens. La population chiite avait alors accueilli la Finul à bras ouverts.
Aujourd'hui, ce sont les enfants de cette même population chiite qui ont gagné la "guerre". Personne ne viendra les désarmer avant que les chefs du Hezbollah n'arrivent à leur but : l'établissement d'une République islamique au Liban. En attendant, si jamais ils désarment un jour, ils ne donneront que des breloques. Mais les caméras seront là pour filmer de vieilles kalachnikov tandis que le Hezbollah gardera son vrai arsenal. Bref, la situation est encore plus instable qu'en 1978.
LCI.fr : Estimez-vous que le mandat de la Finul est assez clair ?
F.C. : Pas du tout, on retrouve exactement le même vide juridique qu'à mon époque. Il est très difficile d'entrevoir les règles d'engagement pour nos hommes. Si le Hezbollah attaque une patrouille israélienne ou si Tsahal franchit la frontière comme le 20 juillet dernier, que fait-on ? On intervient ou on observe la violation du cessez-le-feu en comptant les roquettes ou les chars comme les observateurs de l'Onu savent très bien le faire ?
Il aurait fallu utiliser le chapitre 7 de la charte de l'Onu, qui permet le recours à la force, au lieu du chapitre 6, où les Casques bleus n'ont le droit de tirer qu'en cas de légitime défense. C'est la porte ouverte à toutes les humiliations. Or il n'y a rien de pire que l'humiliation. Un exemple : lors de mon séjour au Liban, j'avais perdu un homme et leur faisait prendre des risques pour récupérer des armes. Lors de mon départ, j'ai appris qu'elles avaient été restituées.
"Y aller, oui. Mais pas pour faire n'importe quoi"
LCI.fr : Craignez-vous que les soldats soient pris pour cible, comme vous l'avez été ?
F.C. : Tout à fait. Au Liban, j'ai perdu plus de 80 paras dont 58 au Drakkar, non pas pour notre attitude locale mais uniquement en raison de la situation internationale. A l'époque, la France avait deux contentieux avec l'Iran : le soutien à Saddam Hussein dans la guerre contre l'Irak et
François Cann, après l'attentat
contre le Drakkar-
AFP-Philippe Bouchon
le règlement d'Eurodif*. Drakkar avait alors servi de facture pour l'Iran, par l'intermédiaire de son bras et de sa main au Liban, à savoir la Syrie et le Hezbollah.
Aujourd'hui, pour des raisons différentes, le scénario est quasi-identique. Si la situation internationale se dégrade, notamment en raison du dossier du nucléaire avec Téhéran, nos hommes feront une cible facile pour des raisons politiques. On les envoie dans la gueule du loup avec pour mission de lui enlever les dents. On dit souvent que la France a une dette envers le Liban, mais il ne faut pas oublier non plus qu'elle a déjà beaucoup versé de sang pour lui. Bien sûr, il faut y aller, mais pas pour faire n'importe quoi.
LCI.fr : Voyez-vous néanmoins une différence positive entre la situation actuelle et l'époque de la Finul ou de l'attentat contre le Drakkar ?
F.C. : En 1978, c'était du grand n'importe quoi. Nous étions épaulés par des contingents de pays exotiques qui venaient s'équiper auprès de l'Onu à moindre frais ou encore de bataillons dont les officiers partaient faire la fête tous les week-ends à Tel-Aviv. La constitution de la Finul est cette fois-ci un gage de sérieux. La présence de pays européens comme l'Italie, l'Espagne ou encore la Belgique assurera des armées de qualité.
LCI.fr : La question du nombre d'hommes fait débat. Faut-il aller jusqu'à 15.000 hommes, comme le prévoit la résolution et le demande Israël ?
F.C. : Ca, c'est un truc de diplomates. La finalité n'est pas l'effectif, mais les règles d'engagement. Il vaut mieux avoir un homme qui puisse agir en vrai militaire, que 1 000 qui ne fassent que compter les points.
* l'usine nucléaire installée à Tricastin, dans la Drôme, dont la construction avait été financée en partie par le régime du Shah, contre 10% de la production. Le contrat ne fut pas appliqué après la Révolution.
[quote][/quote]